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Eskell An Elorn & Nostrad : Dossier musique pour Kenleur (Mai 2022)


Introduction

Avant de rentrer dans le vif du sujet de cet article, il m'a semblé pertinent d'énoncer quelques éléments de contexte permettant à chacun·e de disposer d'un minimum d'informations sur la raison qui a poussé son écriture.

Ce texte a donc été rédigé à la demande de Valérie Péron (en tant que présidente du Cercle Celtique « Eskell An Elorn ») par Vincent Garcia (en tant que directeur artistique du groupe de musique « Nostrad ») à destination des membres du jury de la Confédération « Kenleur », le tout dans le cadre de l'accompagnement musical par le groupe de l'animation montée par le Cercle pour la saison 2022.

Sources

En résumant très grossièrement le glissement des sources d'air de musique à danser en Bretagne, et d'après le sociologue Jacques Caplat (dont je suis actuellement en train de lire le mémoire de thèse), il est possible de dire – toutes nuances prises bien sûr – que les musiciens routiniers (qui ont appris à jouer d'après un processus très proche de celui des gestes techniques artisanaux et dont le répertoire était très localisé) ont laissé la place à des musiciens collecteurs (qui ont appris à jouer en autodidacte par l'écoute des derniers musiciens routiniers) dès la seconde moitié du XXe siècle, et jusqu'à la fin des années 1980.

Par la suite, et plus encore au XXIe siècle, les musiciens d'aujourd'hui ont plutôt appris à jouer en suivant des cours de technique instrumentale, une méthode instrumentale d'apprentissage, des stages ponctuels auprès des pionniers de la génération précédente, quand ce n'est pas les 3 à la fois de part la multiplication des nombreux supports existant aujourd'hui (notamment sur Internet)

Démarche de collectage

Ayant débuté l'apprentissage de l'Accordéon Diatonique en Septembre 1996 (auprès de Fabienne Le Gac au comité d'animation de Gouesnou), j'appartiens clairement à la troisième génération d'Accordéonistes apparue depuis le revival Folk des années 1970. À ce titre, j'ai toujours majoritairement puisé mon inspiration parmi les groupes de musique qui jouaient en Fest-Noz durant les années 1990 : le mélange d'instruments traditionnels (acoustiques) et modernes (électrifiés) m'a de suite captivé par l'énergie qu'il permet de déployer (je garde un souvenir ému de ma première écoute de la « Suite Sud-Armoricaine » d'Alan Stivell sur cassette audio en 1999 par exemple) !

Cette esthétique mêlant tradition et modernité est la boussole que je poursuis encore aujourd'hui (notamment à travers des projets musicaux comme « Electrad ») même si j'ai parfaitement conscience que cette approche est souvent dévalorisée en comparaison de celles consistant à s'inspirer de sources plus anciennes (émanant de la base de Dastum par exemple), sans compter que cette approche m'a également coûté mon cursus au département de musiques Traditionnelles du Conservatoire (de Musique, de Danse et d'Art dramatique de Brest Métropole) puisque mon jeu à l'Accordéon a souvent été jugé comme “moderniste” (par opposition à un jeu dit “puriste”)

Pour résumer, j'assume le fait que ma démarche de collectage – axée autour d'airs datés d'environ 30 ans à l'heure actuelle – soit qualifiée de non-conventionnelle puisque cela fait selon moi partie de l'esprit d'évolution de la musique Traditionnelle avec son temps que A inspire B, puis que B inspire C et D (plutôt que A soit canonisé et inspire B, puis C et D, court-circuitant alors une évolution normale).

Choix des airs

Compte-tenu des délais très court, je suis allé au plus simple, à savoir que le choix des airs retenus pour le futur répertoire du Cercle Celtique « Eskell An Elorn » n'as pas fait l'objet d'une recherche spécifique de ma part puisque je me suis basé uniquement sur des airs dont j'avais déjà connaissance (même si je n'avais encore jamais transcris ni eu l'occasion de jouer à l'Accordéon certains d'entre-eux jusqu'à présent). Vous trouverez donc ci-dessous la liste des 15 airs qui constituent cette suite musicale d'environ 35 à 40 minutes :

Parti-pris dans la composition ou l'orchestration

Pour ce qui est de la composition, là encore les délais d'exécution très courts ne m'ont pas du tout laissé le loisir de composer de nouveaux airs pour cette commande… Toutefois, j'ai pu m'appuyer sur de nombreuses compositions déjà utilisées par le groupe de musique « Nostrad », et dont la moitié sont de ma plume. Au final, nous obtenons 6 compositions pour 9 traditionnels sur un total de 15 airs distincts, soit un équilibre cher à mes yeux entre mise en valeur du fond traditionnel (de Bretagne et d'ailleurs) et ajout de nouveaux airs plus modernes qui permettent de contribuer à l'augmentation du fond disponible, ce que trouve particulièrement bienvenu sur les danses où la diversité actuelle des airs est faible (comme c'est le cas de la Cochinchine par exemple).

Quant à l'orchestration, j'ai essayé de profiter au mieux du côté polyphonique tant de l'Accordéon Diatonique que de la Harpe Celtique, le tout en évitant de surcharger le rendu global afin de conserver suffisamment d'intelligibilité du discours musical pour que ce dernier demeure au service de la danse (et non pas l'inverse). Une autre limite avec laquelle il a fallu jouer est que la Harpe Celtique utilisée par le groupe de musique « Nostrad » (issue de l'atelier des « Harpes Herrou » à Plounéour-Ménez) est une reconstitution d'un modèle ancien non muni de palettes (permettant d'altérer la note produite par une corde d'un demi-ton), ce qui signifie que l'ensemble du répertoire joué le sera sur une seule et unique tonalité afin d'éviter tout réaccordage intempestif de l'instrument au cours de la prestation… Enfin, des concessions ont parfois dû être effectuées sur l'arrangement de certains airs (en taillant dans un ruban d'orchestration préexistant et/ou en limitant le recours à certaines variations pouvant nuire à la dansabilité), mais j'espère sincèrement que le résultat demeurera à la hauteur des attentes du jury tout en restant fidèle à la ligne artistique de groupe de musique « Nostrad ».

Conclusion

Nous voilà enfin parvenu au bout de cet article : j'espère qu'il vous aura permis de mieux comprendre ma démarche ainsi que mes partis-pris personnels lors de l'élaboration du répertoire lié à cette commande.

Évidemment, si jamais votre œil affûté à décelé quelques erreurs et/ou bien que par bonheur vous disposeriez d'une information dont je n'ai pas connaissance (comme l'origine de l'un des air cité ci-dessus par exemple), n'hésitez-pas surtout pas à me contacter afin de m'en faire part car c'est ainsi que fonctionne l'intelligence collective.

Voilà, en souhaitant avoir l'occasion d'échanger avec vous à ce sujet lors des nombreuses festivités que nous retrouvons toutes et tous avec plaisir cet Été (suite à quelques années d'absence dues à la pandémie de Coronavirus), je vous remercie pour votre attention, et bonne musique bien sûr ! =)